Eloge de l’imposture et droits d’auteur

Le judo est une belle discipline qui mérite d’être étudiée, transmise, protégée. Pour paraphraser le philosophe et historien Henri Bergson: « L’avenir du judo n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons en faire ».

Afin de couper court à certaines rumeurs, j’ai rédigé deux textes sur les valeurs du sport et les droits d’auteur en littérature…

 

Éloge de l’imposture

En 1623, dans De la dignité et de l’accroissement des sciences, Francis Bacon intitule le chapitre II du livre huitième Division de la science des affaires en science des occasions éparses et art de s’avancer dans le monde. Il y traite de la connaissance des hommes: « Se connaître, c’est déjà beaucoup pour l’homme; mais ce n’est pas assez: il faut encore savoir se produire, se faire valoir ». Le philosophe anglais ajoute: « Il faut certainement un peu d’art pour exercer un pareil talent, sans fatiguer les autres; […] et toute ostentation allât-elle même jusqu’au premier degré de vanité, serait plutôt un vice en morale qu’en politique. Car, comme on dit ordinairement, va, calomnie hardiment […] crois-moi, vantetoi hardiment, il en reste toujours quelque chose auprès du peuple, quoique les sages fassent pour s’en moquer. »

L’imposture, pour reprendre les mots de Maxime Decout, est un discours et une identité. Seul le travail patient du détective -ou de l’historien- permet de démasquer les hâbleurs peu fiables et les usurpateurs de mauvaise foi. Le sport serait-il épargné qui prône des vertus que l’on trouve énoncées à loisir comme la promesse illusoire d’un milieu culturel riche de ses valeurs altruistes et exempt de petits marquis reconnaissables à leur manque de compétence, à leur goût pour l’intrigue et à leur promptitude à quémander toute forme de privilège ? Restons vigilants et rappelons aux courtisans de province la formule attribuée à Abraham Lincoln: « Vous pouvez tromper tout le monde quelques fois et quelques personnes tout le temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps. »

 

Être ceinture noire

J’ai rédigé de manière bénévole l’ouvrage Être ceinture noire, publié en 2016 aux éditions de La Martinière, dans le cadre d’un projet national de développement de la culture que j’ai mené en tant que vice-président de la Fédération française de judo. Huit mille copies ont été achetées par la FFJ pour être cédées aux comités, aux ligues et aux clubs à 3€ l’exemplaire avec une obligation, ne pas le vendre mais l’offrir en cadeau aux ceintures noires ou aux partenaires pour mieux faire connaître la discipline. La différence par rapport au coût réel a été prise sur le budget de la culture, un budget connu de chacun et vérifié par les services ad hoc. Les éditions de la Martinière ont édité à leur compte une version légèrement différente destinée à la vente en librairie au prix de 9,90 €.

A chaque fois, lors de la présentation du projet dans les réunions préparatoires avec les vice-présidents de ligue chargés de la culture judo –tous étaient présents-, en réunion d’exécutif, en réunion de comité directeur et en réunion d’assemblée générale, j’ai indiqué que je ne percevrai aucun droit d’auteur sur les 8 000 exemplaires à destination de la FFJ et que, par principe du fait de ma fonction, j’abandonnais à la FFJ les droits d’auteur des 2 000 exemplaires du commerce. Toutes les personnes présentes ont été informées à plusieurs reprises et les compte-rendus -qui sont aisément consultables- font état de ces propos que j’ai expressément demandé à faire mentionner par écrit. Toute allégation contraire d’une personne qui du fait de sa présence ne pouvait ignorer l’information ne saurait être qu’intentionnelle, mensongère et diffamatoire. 

Post scriptum: 

Pour information, sur ce genre d’ouvrage vendu dans le commerce les droits d’auteur se situent à environ 5% du prix éditeur hors taxe, soit en l’occurence quelques dizaines de centimes par livre. Ceci dit, bien que je reconnaisse que ma contribution au budget fédéral est restée modeste, il ne faut pas confondre droits d’auteur et propriété intellectuelle. Comme un tableau ou une sculpture, un texte, bon ou mauvais, appartient à son auteur. Il en est ainsi…

Un nouvel ouvrage vient d’être publié par la fédération sous le titre Ceintures noires. Il a été écrit par Didier Janicot. Ainsi, prétendre que je me suis enrichi grâce à la publication d’Être ceinture noire ne serait que vaine calomnie et s’attribuer la paternité du nouveau texte de Didier Janicot ne serait que pure vantardise.

Mais nul imprudent à quiconque n’assigna tel projet. Ne dit-on pas que le judo est « plus qu’un sport », qu’il possède un code moral et une culture et que certains de ses élus sont chargés de le protéger des discours trompeurs, des intrigues et des imposteurs? Cela suffit à nous rassurer…

Michel Brousse

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